Le ton monte entre le syndicat allemand IG Metall et PSA au sujet d’Opel, le constructeur déficitaire chronique racheté l’année dernière par le groupe français.
Le syndicat et le comité d’entreprise d’Opel ont exigé dans un communiqué vendredi des « propositions constructives » de la part de PSA. Une façon assumée de mettre la pression, alors que la maison mère française vient de confier de nouvelles productions chez Opel en Hongrie, en Pologne et en Autriche… mais pas en Allemagne .
Au coeur de la négociation en cours, l’application des accords conclus avec Opel alors qu’elle était une filiale de General Motors – portant sur la répartition de moteurs et de véhicules à Eisenach, Rüsselsheim ou Kaiserslautern. « Nous n’acceptons pas de conditions imposées ultérieurement pour des accords qui ont été reconnus, repris par PSA, et qui sont exécutoires », écrit Wolfgang Schafer-Klug, le chef du comité d’entreprise d’Opel, qui réclame en plus des garanties pour l’emploi et les sites allemands au-delà de 2020.
Opel toujours dans le rouge
Le patron de PSA Carlos Tavares s’est engagé à respecter ces accords signés par GM. Mais le nouveau propriétaire demande à Opel, dans le rouge depuis 1999, de renforcer sérieusement sa compétitivité. La marque à l’Eclair a perdu 179 millions en cinq mois l’an dernier, et PSA a passé une provision liée à la future restructuration supérieure à 400 millions .
Pas question pour l’état-major français de ne pas obtenir de réels efforts de la part des salariés allemands : leurs collègues des autres pays ont tous accepté bon gré mal gré (à commencer par les Espagnols , de drastiques mesures de modération salariale et davantage de souplesse dans les horaires. En France, les syndicats sont également très attentifs sur le sujet après la cure sévère subie ces dernières années dans l’Hexagone.
Accord de branche généreux
En clair, les salariés non allemands dans leur ensemble ne comprendraient pas un régime de faveur en Allemagne, où IG Metall vient de signer un accord de branche accordant une hausse de salaire de 4,3 % , soit environ deux points de plus que l’augmentation du personnel en France cette année. C’est d’ailleurs l’autre sujet de crispation entre les parties.
S’il existe des dérogations outre-Rhin pour les entreprises en difficulté, comme les reports de hausses salariales acceptés par Opel sous pavillon américain, celles-ci étaient limitées dans le temps et le syndicat avait obtenu en contrepartie des garanties sur l’emploi jusque 2018 et sur les sites jusque 2020.
Transfert chez les ingénieurs
PSA refuse de commenter les discussions en cours. Selon nos informations, d’autres programmes industriels – à commencer par une fabrication additionnelle de petits moteurs essence-, font en ce moment l’objet d’une mise en concurrence entre différents sites européens d’Opel et PSA.
En attendant le verdict, les ingénieurs allemands se sont vus attribuer de nouvelles missions R & D . Ils chapeauteront par exemple la recherche sur les sièges ou les transmissions mécaniques en plus de celles sur l’hydrogène ou sur les assistants à la conduite. De source interne, quelque 300 ingénieurs français de PSA voient leurs prérogatives transférées en Allemagne et devront être reclassés. De même, environ 500 postes de prestataires seront supprimés dans l’Hexagone.